Introduction

« Ici commence l’Homo Ignorans. L’homme ignore ce qu’est la vie ; il ignore quelle en fut l’origine et si elle a pris naissance dans la matière inorganique. Il ne sait si la vie existe sur d’autres planètes de notre soleil, ou sur celles d’autres soleils et, dans l’affirmative, si les formes de vie y sont identiques à celles que nous connaissons sur notre terre, y compris l’homme. Il ne sait pas comment notre système solaire fut créé quoiqu’il ait, là-dessus, imaginé certaines hypothèses. Il sait seulement que le système solaire s’est formé il y a des billions d’années. Il ignore ce qu’est cette mystérieuse force, la gravitation, qui le maintient à la verticale, pieds au sol, tout comme ses frères qui habitent à l’opposé de la planète ; et pourtant il considère ce phénomène comme la “loi des lois”. Il ignore tout de l’aspect du sol à huit kilomètres de profondeur. Il ne sait comment les montagnes se sont formées ni comment les continents ont surgi des mers, bien qu’il risque là-dessus de nouvelles hypothèses ; il ne sait pas, non plus, d’où est venu le pétrole : nulle certitude, rien que des hypothèses. Il ne sait pourquoi, il n’y a pas tellement longtemps, une épaisse couche de glace recouvrait la majeure partie de l’Europe et de l’Amérique du Nord (…) ; la présence de palmiers à l’intérieur du cercle polaire le déconcerte, et il est incapable d’expliquer par quel phénomène la même faune se trouve emplir les lacs intérieurs du vieux monde et ceux du nouveau monde. Il ignore aussi bien d’où vient le sel des mers. »

 

L’auteur de cette diatribe en 1950 se nommait Immanuel Velikovsky, un scientifique du siècle dernier. Elle reste d’actualité même si les zones d’ombres se réduisent peu à peu. Elle date de l’ouvrage Worlds in Collision (Mondes en collision), et nous avons cité la traduction française des Éditions Le Jardin des Livres (2003).


 NRYN : l’origine océanique de notre civilisation résulte d’une longue enquête sur nos origines et pourrait débuter par une variante de la diatribe de Velikovsky : Ici commence l’Homo « amnesius », celui qui a perdu la mémoire de sa propre histoire.

Dévonien, etc.

Les datations

Nous allons ouvrir une parenthèse sur les méthodes de datations actuelles.

 

Supposons que vous soyez victime d’un naufrage et que vous échouiez sur une île déserte. Le choc provoque (en plus) une amnésie mais comme beaucoup de personnes dans ce cas, il vous reste des connaissances « pratiques ». Par curiosité, vous souhaitez connaitre votre âge. Pour vous « dater », vous allez mesurer votre taille (avec les moyens du bord), vous laisserez s’écouler une année et vous la mesurerez à nouveau. Votre première mesure indique 179 centimètres. Un an plus tard, la seconde indique 180 centimètres. Vous avez donc grandi d’un centimètre en un an. Vous posez l’hypothèse qu’on grandit d’un centimètre par an et vous déduisez que vous avez… 180 ans.

 

Votre méthode est ingénieuse, vos mesures sont justes mais le résultat est faux. Pourquoi ? Vous avez posé une « constante » : on grandit d’un centimètre par an. Toutes les méthodes de datation (sans exception) en posent sur le long terme. Une maxime d’Héraclite d’Éphèse (un philosophe grec du 6e siècle avant notre ère) résume le problème : « Rien n’est constant, sauf le changement ». La croissance d’un individu change dans le temps. Or, sur cette île déserte, en état d’amnésie, vous ne pouviez plus le savoir.

 

Nous vivons tous sur une île déserte (une petite planète bleue) et en état d’amnésie, car nos plus vieux écrits datent de quelques milliers d’années seulement. Par exemple, lorsque la géologie affirme que telle strate (couche) géologique date de 500 millions d’années, elle se base sur une vitesse de sédimentation observée sur plusieurs décennies dans la région. Ensuite, elle pose l’hypothèse que cette vitesse reste constante depuis cette époque reculée. La méthode est habile (et souvent couplée avec d’autres), les mesures sont excellentes mais le résultat reste faux.

 

Notre intellect exige des certitudes et ne peut pas évoluer en permanence dans un océan de doutes. De toute façon, qu’une couche géologique date de 500, 50 ou 5 millions d’années, cela ne nuit pas à la recherche. On doit simplement éviter de prendre des « datations-vessies » pour des lanternes. Enfin, on rappellera que la pierre et toute construction associée restent impossibles à dater.

 

Le dévonien

La quatrième période du paléozoïque (ex-ère primaire) se nomme le dévonien. Il débute il y a 420 millions d’années et dure 60 millions d’années. Durant cette période, les poissons évoluent vers les amphibiens et les insectes commencent à coloniser les habitats terrestres. Officiellement, les mammifères n’existent pas encore.

 

En juillet 2005, un jeune paléontologue amateur, Mohamed Zarouit, découvre un crâne fossilisé près d’Erfoud (Maroc) sur le site dit Tafilalet, réputé pour ses fossiles. Le site date du dévonien. Le Dr Alaoui Abdelkader, radiologue et directeur de l’hôpital de Moulay Ali Chrif (dans la province d’Errachidia), effectue un examen avec un scanneur à rayon X. Il révèle un crâne d’une densité très faible. Il porte des caractéristiques humanoïdes : position du trou occipital (centrée), mâchoire (courte et parabolique), angle symphysaire (obtus et en retrait), front (haut et bombé) et formule dentaire estimée à trente-deux dents. À en juger par les dents de sagesse non usées, nous parlons d’un adulte.

 

La paléoanthropologie distingue plusieurs terminologies pour notre espèce humaine : le sapiens, l’homme de Cro-Magnon et le sapiens sapiens (deux fois). Plus généralement, le genre dit Homo réunit toutes les espèces qui répondent à trois critères : une bipédie permanente (mais pas forcément exclusive), une capacité crânienne supérieure à 550 centimètres cubes et une activité culturelle (la fabrication d’outils, au minimum).

 

Nous sommes des sapiens. L’homme de Cro-Magnon désigne une variante découverte sur un site dit Cro-Magnon en Dordogne (France). Enfin, la paléoanthropologie abandonne la terminologie sapiens sapiens car elle l’utilisait pour nous différencier d’un autre présumé sapiens : l’homme de Neandertal.

 

Pour revenir au crâne fossilisé de l’oasis du Tafilalet, on doit préciser que ses traits simiesques s’opposent aux caractéristiques du genre Homo de son crâne. Ensuite, les premiers primates (connus) apparaissent officiellement 300 millions d’années plus… tard. Enfin, ce crâne pose un autre problème : il n’atteint pas la taille d’une pomme (…)

 

Le carbonifère

La période du carbonifère succède à celle du dévonien et dure également 60 millions d’années. Elle se caractérise par l’apparition des premiers grands arbres.

 

En 1981, en explorant une mine de charbon désaffectée à ciel ouvert, près de Mahanoy (Pennsylvanie), un résident de Shenandoah, Ed Conrad, découvre ce qui ressemble à un crâne pétrifié. Il l’extrait d’une couche d’anthracite, une roche sédimentaire d’origine organique. L’anthracite demeure le type de charbon le plus ancien et date d’au moins 280 millions d’années. Le crâne comprend un palais et une prémolaire à double racine mais il n’appartient pas au genre humain : on parle d’un anthropoïde de grande taille.

 

Un an plus tard, en 1982, sur le même site, Ed Conrad trouve d’autres ossements pétrifiés : un calvarium (un crâne sans mandibule et sans face), un fémur, un pied, etc. L’anthropologue américain, Wilton M. Krogman (1903-1987), un des fondateurs de l’anthropologie physique aux États-Unis, analysera le calvarium. Il « aurait » confié à Conrad que le crâne appartenait au genre humain mais en public, il évitait le sujet.

 

Concernant la période du carbonifère, on peut évoquer une autre découverte insolite. En 1885, le journal The American antiquarian publiait un article concernant une découverte en 1880 dans les monts de Cumberland (Kentucky). Dans une couche de grès carbonifère, une série d’empreintes fut mise à jour : celles d’un ours, d’un animal comparable à un grand cheval et celles de pieds. J.-F. Brown, professeur au Berea College (Berea, Kentucky), étudia ces empreintes. De nos jours, l’étude reste introuvable.

 

Ces découvertes du carbonifère partagent un dénominateur commun : l’actuel territoire américain. Or, à l’époque, il se trouvait à l’ouest du continent unique, la Pangée, dans une région tropicale.

 

On récapitule et l’on commence par le crâne d’Erfoud au Maroc qui nous oriente vers un primate lilliputien doté de caractéristiques humanoïdes. Son antériorité remonte à au moins 360 millions d’années. On continue avec le crâne de Mahanoy en Pennsylvanie qui pourrait appartenir au genre humain (distinct du genre actuel) dont l’ancienneté remonte à 300 millions d’années. Enfin, à l’époque, sur l’ancien continent unique, le Maroc actuel faisait face à la… Pennsylvanie.

 

La paléoanthropologie connait ces deux découvertes car les fossiles sont documentés et en bon état. L’Homme peut-il revendiquer 300 millions d’années ? À l’heure actuelle, une telle question déclenche dans le meilleur des cas la dérision. Pourtant, la paléoanthropologie ne pourra ignorer indéfiniment les crânes pétrifiés (déjà découverts et à venir).

 

Le jurassique

La deuxième période du mésozoïque (ex-ère secondaire) se nomme le jurassique. Elle débute il y a 200 millions d’années et s’étale sur 55 millions d’années. On ne présente plus cette période surnommée « âge des dinosaures ». On peut néanmoins rappeler qu’elle marque aussi la naissance officielle des mammifères sur Terre.

 

En juillet 1877, l’Eureka Newspaper évoque une découverte à Spring Valley dans le comté d’Eureka (Nevada). Quatre prospecteurs extraient d’une roche de quartzite brune du jurassique les artéfacts suivants : une moitié de fémur et des os de genou, de jambe et de pied. Compte tenu de la taille des os, on parle d’un primate qui mesurait 3,5 m.

 

On continue avec une affaire rocambolesque. En 1885, un certain Dyer prospecte pour trouver du minerai de fer dans le comté d’Antrim (Irlande). Ce comté abrite le site de Portrush et un sill (une couche de roche magmatique) de dolérite (riche en fer). Des calcaires du jurassique surmontent ce site. Il finit par déterrer une « momie » pétrifiée de 12,2 pieds de haut, soit 3,7 m. Un « détail » détone : le pied droit intact de la momie montre six… orteils. Ensuite, Dyer se promène à Dublin, Liverpool et Manchester où il expose sa momie en faisant payer un droit d’entrée de six pence (l’équivalent d’une ou deux heures de travail pour un ouvrier). Puis, las des voyages, il sous-traita à un certain Mr Kershaw. Aux dernières nouvelles, le musée du Somerset (Taunton, Cornouailles) abrite cette momie.

 

Lors de cette période, la biodiversité semble placée sous le signe du gigantisme. Le supposé humain de grande taille de Portrush doté de six orteils ne nous contredira pas. Gageons qu’à cette hauteur-là, un sixième orteil possède son utilité.

 

On sait que lors d’une période antérieure, le carbonifère, un phénomène d’enfouissement massif de carbone a pu conduire à un surplus d’oxygène dans l’air (jusqu’à 25 %). Ce taux élevé pourrait expliquer le gigantisme de certains insectes et amphibiens. Ces derniers sont dotés de systèmes respiratoires complexes mais on note une corrélation entre la taille et la capacité à absorber de l’oxygène.

 

Même si une corrélation n’induit pas forcément une relation de cause à effet, les hypothèses restent déroutantes. Par exemple, le taux d’oxygène dans l’air pourrait conditionner la taille des animaux. Cela revient à suggérer que la proportion d’octane dans l’essence conditionne la taille d’un moteur. Une autre hypothèse existe : le gigantisme de la végétation. Du coup, la faune doit grandir pour atteindre sa nourriture.

 

Ce gigantisme ne pouvait pas durer et la théorie principale ne pointe pas du doigt une raréfaction des ressources de la biosphère. En 1980, une équipe de l’Université de Californie analysa des sédiments d’une couche argileuse (de Gubbio, en Italie) estimée à 65 millions d’années. Elle contenait un fort taux d’iridium, un métal extrêmement rare sur Terre mais présent dans des météorites. Cette équipe concluait que cet iridium provenait de la chute d’un astéroïde. Cela dit, la théorie reste fragile, car les dinosaures ont pu s’éteindre avant la chute de cet objet céleste.

 

Le Popol Vuh

Pour revenir au primate de Spring Valley et à l’humain de Portrush, ils auraient vécu des dizaines de millions d’années avant l’apparition officielle du primate. En clair, le genre humain et les dinosaures pourraient avoir cohabité sur notre planète.

 

On connait la proximité génétique du primate et de l’humain. Et lorsque le primate apparaît, l’humain suit. On peut donc poser l’hypothèse suivante : une humanité précéda la nôtre puis s’éteignit. Rien de moins.

 

Un autre indice inattendu soutient l’hypothèse.

 

Le livre sacré des Quichés du Guatemala se nomme le Popol Vuh. Un illustre inconnu rédigea l’original entre 1554 et 1558. Il semblait soucieux de compiler des traditions orales antiques. Cette version utilisait une écriture maya dite « latinisée » et suggère que l’auteur était un religieux catholique maya. L’original n’existe plus. À la fin du 17e siècle, un dominicain, le frère Francisco Ximénez, dirigeait le couvent de Santo Tomas Chuila (Guatemala). Il obtint l’original des Quichés de la ville et le traduisit en espagnol. Enfin, il le présenta (avec le texte original) dans un ouvrage intitulé Empiezan las historias del origen de esta provincia de Guatemala (« Ainsi commence l’histoire des origines de cette province du Guatemala »).

 

Ximénez propose une traduction littérale dont la lecture reste fastidieuse. Nous allons donc nous intéresser à la traduction française de Charles Étienne Brasseur de Bourbourg (1814-1874). Ce dernier vécut quinze ans dans plusieurs régions du Mexique et d’Amérique centrale. On le connait surtout pour sa traduction du manuscrit Troano (dit codex de Madrid). De nos jours, cette traduction reste une référence pour l’étude de l’écriture maya.

 

Nous nous contenterons de courtes citations du Popol Vuh.

 

« Voici le récit comme quoi tout était en suspens, tout était calme et silencieux ; tout était immobile, tout était paisible, et vide était l’immensité des cieux. Voilà donc la première parole et le premier discours. Il n’y avait pas encore un seul homme, pas un animal ; pas d’oiseaux, de poissons, d’écrevisses, de bois, de pierre, de fondrières, de ravins, d’herbe ou de bocages : seulement le ciel existait. La face de la terre ne se manifestait pas encore : seule la mer paisible était et tout l’espace des cieux (…) Il n’y avait rien qui existât debout ; (il n’y avait) que l’eau paisible, que la mer calme et seule dans ses bornes ; car il n’y avait rien qui existât. Ce n’était que l’immobilité et le silence dans les ténèbres, dans la nuit. »

 

« La face de la terre ne se manifestait pas encore : seule la mer paisible était ». Ce texte décrit l’état de notre planète avant l’émergence du continent unique. On rappelle que la plus ancienne copie de ce texte date de l’an 1701. Comment peut-on expliquer une telle connaissance à cette époque ?

 

Les traditions orales regroupaient l’effort de mémoire des populations antiques au même titre que l’Histoire représente l’effort de mémoire de notre époque. Dans un monde moderne, les livres véhiculent notre mémoire mais dans un monde ancien, faute d’écriture, cela exigeait un autre support.

 

On pourrait objecter que ce texte ne décrit pas notre planète mais une région maritime autrefois sans terre émergée et sans vie. De plus, les termes « planète » et « monde » brillent par leur absence. On enchaine donc avec une seconde citation.

 

« Mais véritablement ce n’était pas lui Vukub-Cakix qui était le soleil ; seulement il s’enorgueillissait de ses pierreries, de ses richesses. Mais en réalité sa vue terminait où elle tombait et ses yeux ne s’étendaient pas sur le monde entier. Or, on ne voyait pas encore la face du soleil, de la lune ni des étoiles ; il ne faisait pas encore jour. Ainsi donc Vukub-Cakix se faisait superbe (à l’égal) du soleil et de la lune, la lumière du soleil et de la lune n’ayant pas encore commencé à briller et à se manifester : seulement il désirait s’agrandir et (tout) surpasser. »

 

Cette fois, le texte évoque le « monde entier » mais ce n’est pas le plus intéressant. « Or, on ne voyait pas encore la face du soleil, de la lune ni des étoiles; il ne faisait pas encore jour ». On parle donc d’une époque où la densité de l’atmosphère ne permettait pas de distinguer les astres.


 Nous distinguerons deux hypothèses. Soit ceux qui perpétuaient cette tradition «poétique» ont vu juste (sans le savoir) sur le contexte de formation de notre planète. Soit ceux qui initièrent cette tradition furent en présence d’artéfacts archéologiques produits par une humanité… précédente.

Les premiers pas

L’évolution

Le terme « évolution » peut prêter à confusion : il peut désigner le changement en général ou la progression en particulier. Depuis l’Antiquité, les savants recherchent les moteurs de ce changement. En ce qui concerne les êtres vivants, on devra patienter jusqu’au 19e siècle. Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), un naturaliste français, proposa la première théorie matérialiste dite transformiste. En résumé, les comportements et les organes des êtres vivants se transforment pour s’adapter à leur milieu.

 

En outre, cette théorie considère que les êtres vivants peuvent transmettre ces transformations à leur progéniture. Rappelons qu’à l’époque, l’ADN n’était pas connu. En 1883, Friedrich Leopold August Weismann (1834-1914), biologiste et médecin allemand, invalidera la théorie de Lamarck en démontrant la « continuité du plasma germinatif ». En résumé, les caractères acquis (non innés) ne se transmettent pas à la progéniture.

 

À partir de 1883, il ne restera que la théorie (datant de 1859) de Charles Darwin selon laquelle les êtres vivants subissent une sélection naturelle. C’est l’équivalent naturel de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs. On profite de l’occasion pour évoquer le préjugé selon lequel la sélection naturelle favorise les plus forts. En fait, elle privilégie les plus éveillés car les dominants demeurent toujours assez sots pour se quereller et s’entretuer. Darwin décédera en 1882, soit un an avant la publication de la théorie de Weismann qui mettait fin à celle de Lamarck.

 

Depuis, la communauté scientifique cherche le « moteur ». En 1942, Julian Sorell Huxley (1887-1975), un biologiste britannique, réalise une synthèse de plusieurs travaux et la baptise théorie… synthétique. On peut préciser que l’ADN est désormais connu. Selon cette théorie, le moteur se résume à des mutations aléatoires du patrimoine génétique. Ensuite, la sélection naturelle « filtre » ces mutations.

 

Cependant, Darwin et Lamarck n’ont pas dit leur dernier mot. Le néo-darwinisme défend l’idée que la sélection naturelle puisse abriter son propre « moteur ». Enfin, selon le néo-lamarckisme, des phénomènes « épigénétiques » pourraient transmettre des transformations acquises à la progéniture.

 

Le débat reste si animé qu’il occulte un sujet : la trilogie progression, stagnation et régression. Si les transformations demeurent aléatoires, comment peut-on « gagner » (progresser) à tous les coups ? La sélection naturelle peut aider mais on ne peut prouver son infaillibilité. En d’autres termes, l’existence potentielle d’une ou plusieurs humanités antérieures à la nôtre n’invalide pas la théorie. À ce sujet, pourquoi serait-ce si important de revendiquer une primeur sur notre planète ?

 

La bipédie

À ce jour, le bipède partiel le plus ancien est l’Ardipithecus ramidus apparu il y a 5 millions d’années environ. Il n’eut aucune descendance humaine. Le second connu s’appelle l’australopithèque et revendique une ancienneté de 4,2 millions d’années. Lui aussi n’aura pas de descendance humaine.

 

À propos des célèbres bipèdes (partiels), Lucy et Abel, on peut préciser que la première était une Australopithecus afarensis et que le second était un Australopithecus bahrelghazali. En d’autres termes, ils n’intègrent pas notre arbre généalogique.

 

Le genre Homo, lui, se caractérise par une bipédie complète. Deux espèces apparaissent quasi simultanément en Afrique : Homo habilis et Homo rudolfensis. Enfin, un demi-million d’années plus tard, une troisième espèce apparaît sur toute la planète : l’Homo erectus dont la branche africaine se nommera ergaster.

 

Le séisme

La paléoanthropologie (ou paléontologie humaine), une branche de l’anthropologie physique (ou de la paléontologie), étudie l’évolution humaine.

 

Créée en 1835 par le physicien français François Arago, la revue Comptes rendus de l’Académie des sciences (France) permet aux chercheurs de faire connaitre rapidement leurs travaux à l’international. La revue se décline en sept titres et nous allons nous intéresser au titre Palévol (Paléoanthropologie & évolution). Nous allons nous intéresser au volume 15 de mars 2016 (pages 279-452, en anglais) que nous résumerons sommairement.

 

On y apprend qu’une équipe de la Society for Archaeological and Anthropological Research (Chandigarh, territoire de l’Inde) découvrit (en 2009) au lieu-dit Masol des traces d’une activité du genre Homo datée de la fin du tertiaire (2,6 millions d’années). Au sujet des traces, on parle d’outils lithiques et de découpes réalisées avec ces outils sur des fossiles de bovidés.

 

Pour résumer, cette activité précède d’un demi-million d’années notre présumé ancêtre, l’ergaster d’Afrique (1,9 million d’années) dont la plus ancienne trace connue d’activité remonterait à 2,55 millions d’années.

 

Pour la paléoanthropologie, c’est l’équivalent d’un séisme. En d’autres termes, pour soutenir la théorie de l’origine africaine de l’humanité, la paléoanthropologie se retrouve dans l’obligation de trouver une activité plus ancienne en Afrique.

 

En outre, on apprend qu’une grotte chinoise, située à la même latitude que Masol, montre des traces d’industrie lithique et abrite un fragment de mandibule d’hominidé. Ce fragment, daté de 2,48 millions d’années, n’a pas encore livré tous ses secrets et son appartenance au genre Homo reste à confirmer.

 

Habilis

L’Africain habilis revendiqua longtemps l’invention des premiers outils taillés en général et des haches en particulier. Ces outils dateraient de 2,5 millions d’années. Cela dit, le plus ancien habilis découvert (Koobi Fora, Kenya) date de 1,9 million d’années seulement. À propos du rudolfensis, le plus ancien connu (Koobi Fora, Kenya) vivait à la même époque.

 

Avant de s’éteindre, habilis aurait-il évolué, stagné ou régressé ? On sait que cet hominidé ne possédait pas d’aptitude pour la chasse et qu’il se nourrissait de charognes. En matière de progression, ce n’est pas encourageant.

 

Considérons les datations et les dimensions des boîtes crâniennes des habilis découverts (tout du moins de ceux dont on a retrouvé le crâne). Kamoya Kimeu découvre en 1973 sur le site de Koobi Fora un spécimen vieux de 1,9 million d’années (Ma). Sa boîte crânienne mesure 510 centimètres cubes. On passe sur le fait que cela reste inférieur au seuil qui définit le genre (550 cm3). Peter Nzube découvre en 1968 dans les gorges d’Olvudai (Tanzanie) un habilis vieux de 1,8 million d’années. Son crâne mesure un peu de moins de 600 cm3. Enfin, Paul Abell découvre en 1973 sur le site de Koobi Fora un spécimen vieux de 1,7 million d’années. Son crâne doit se contenter de 582 cm3. En résumé, c’est au mieux de la stagnation. Finalement, il s’éteint sans descendance connue.

 

Le rudolfensis ménage le suspense (faute de crânes) mais il s’est éteint beaucoup plus tôt que son contemporain habilis.

 

Erectus

Selon la théorie de l’origine africaine, l’erectus dit ergaster est notre ancêtre. Il naît il y a 1,9 million d’années et il s’éteint un million d’années plus tard. Un des meilleurs représentants de cette espèce demeure l’adolescent de Turkana (Kenya), vieux de 1,6 million d’années. Sa capacité crânienne approchait les 1 000 centimètres cubes et à l’âge adulte, il aurait pu atteindre 1,90 m. C’était prometteur.

 

Or, en Afrique, tous les reliquats ergaster (ossements, crânes) postérieurs à cet adolescent demeurent plus primitifs. En résumé, à moins d’une découverte qui change la donne, l’ergaster régressa. Pour combler un peu le fossé entre lui et nous, certains proposent (faute de mieux) l’erectus asiatique comme chainon manquant.

 

L’erectus se décline dans plusieurs versions sur toute la planète. Du coup, deux théories s’affrontent en paléoanthropologie. La première soutient l’origine africaine. La seconde propose une origine multirégionale et considère que nous sommes des descendants de différents erectus régionaux. L’enjeu peut se résumer ainsi : formons-nous une humanité « au singulier ou au pluriel » ?


 Enfin, l’erectus asiatique n’aide en rien : entre les spécimens Sangiran 17et Ngandong 7, c’est une moyenne constante de 1050 cm3 pendant 860000 ans. En résumé, on parle au mieux de stagnation. En fait, c’est pire : le plus récent erectus de notre humanité (vieux de 50000 ans seulement), l’Homo floresiensis, fut découvert sur l’île de Florès (Indonésie) en 2004. Il mesure… un mètre. Donc, en plus, sa taille régresse…

Les genres humains

La colonie

Zecharia Sitchin (1920-2010) naît le 11 juillet à Bakou (République d’Azerbaïdjan, ex-Union soviétique). Ensuite, il vit en Palestine dite mandataire (sous mandat britannique de 1923 à 1948). Diplômé en économie de l’Université de Londres, il devient éditeur et journaliste en Israël, avant de s’installer à New York en 1952. Il est connu pour ses ouvrages qui défendent une théorie controversée. Cette dernière se source dans les travaux d’une cinquantaine d’auteurs (linguistes, archéologues, orientalistes, chercheurs…) et plus précisément dans des traductions de tablettes cunéiformes de l’époque prébabylonienne.

 

En fait, Sitchin utilise à foison les traductions de Samuel N. Kramer (1897-1990) et d’Ephraim A. Speiser (1902-1965), deux chercheurs de l’université de Pennsylvanie.

 

Selon Sitchin, plusieurs tablettes prébabyloniennes révèlent (par fragments) l’histoire d’une « colonie » sur Terre fondée il y a 450 000 ans par des… astronautes. Il publia son hypothèse en 1976 sous le titre The 12th Planet. Sans préjuger, nous allons tenter d’en résumer le contenu.

 

Il y a 450 000 ans, une civilisation installe une colonie minière sur notre planète. Un individu nommé Enlil la dirige. Il deviendra un des personnages du panthéon sumérien. Les membres de son équipage passeront également à la postérité : sous le nom d’Anounnaki, ils alimenteront les légendes sumériennes. Le premier forage minier aurait eu lieu dans les eaux de l’actuel golfe Persique.

 

Il y a 430 000 ans, le climat de la Terre s’adoucit et la colonie augmente ses effectifs. Malgré cela, la production minière fléchit et le forage se déplace au sud du continent africain. Le chef de mission s’appelle Enki (un autre membre du panthéon sumérien). Ce dernier, malgré son âge (au moins 20 000 ans…), semble loin de la retraite puisqu’il fait bâtir de nouvelles installations. Enfin, il y a 300 000 ans, la mission crée sept établissements en Mésopotamie du Sud dont une « base spatiale », un centre de contrôle, un centre métallurgique et un centre médical.

 

Le centre médical et la cité antique de Shuruppak se confondent. Le site date du 3e millénaire avant notre ère et se trouve à moins de 200 kilomètres au sud-est de Bagdad (au lieu-dit Tell Fara). Ensuite, le centre métallurgique et la Bad-Tibira de Sumer se confondent également. L’archéologie cherche toujours son emplacement. La Grèce antique la nommait Panti-Biblos (en référence à la Byblos phénicienne ?).

 

Le centre de contrôle et la cité sumérienne Sippar se confondent également. Le site date du 2e millénaire avant notre ère et se situe au nord-ouest de l’antique Babylone (au lieu-dit Abu Habbah). Enfin, la « base spatiale » et la Nippur de Sumer se confondent aussi. L’archéologie connait bien ce site du 6e millénaire avant notre ère (période d’Obeïd). Cela dit, aucune technologie médicale, métallurgique ou… spatiale ne fit l’objet d’une découverte. De toute façon, la durée de vie du verre et de l’acier (non entretenu) ne dépasse guère cinq mille ans et on parle de supposés sites technologiques soixante fois plus âgés.

 

Plutôt que d’épiloguer sur la pertinence de cette théorie, nous allons proposer une projection. Dans un lointain futur, qu’est-ce qui nous empêchera de coloniser un monde éloigné pour exploiter certaines de ses ressources minières ? Si ce monde est déjà doté d’une biosphère, c’est « tout bénéfice » : nous pourrons profiter de l’environnement et cela nous évitera de vivre « confinés ».

 

Reconnaissons que notre biosphère possède des atouts. Enfin, en sachant que nous voyageons dans l’espace depuis 1963, pourquoi aurions-nous la primeur de l’exploration spatiale ?

 

Neandertal

Après avoir exploré la possibilité que notre planète ait abrité des « colonies », nous allons reprendre le cours de notre évolution. L’homme de Neandertal serait un descendant d’un ou plusieurs erectus régionaux. Si l’on considère la théorie de l’origine africaine, il cesse d’être notre « cousin » car on ne peut plus le lier à l’ergaster d’Afrique. A contrario, si l’on considère la théorie multirégionale, Neandertal redevient un membre de la famille…

 

Il se répartissait en deux groupes : les « généralistes » (ou « adaptables ») et les « classiques ». Les généralistes apparaissent en premier. Or, ils engendrèrent une descendance dite classique et surtout, plus primitive. Pire : un aïeul de ces généralistes, l’Homo heidelbergensis (Heidelberg, Allemagne) les surpassait en termes d’évolution. Pour résumer, cette branche d’hominidés ne cessait de régresser.

 

Un biologiste de Gijón (Espagne), Juan Luis Doménech Quesada, remet en cause les hypothèses les plus citées concernant l’extinction du Neandertal : compétition avec les sapiens (nous) ou inadaptation au froid. Cette dernière hypothèse fait sourire : le Neandertal généraliste s’adaptait particulièrement bien aux climats les plus rudes.

 

Son extinction pourrait être due à une spécialisation croissante et excessive. Ce genre humain possédait des capacités intellectuelles intéressantes mais sa constitution restait trop primitive. Ce serait la raison pour laquelle la paléoanthropologie observe de multiples malformations chez lui. Le dénominateur commun de ces observations porte un nom : l’acromégalie. C’est un trouble hormonal qui déclenche une augmentation singulière de la taille des pieds et des mains et une déformation du visage. Il peut aussi provoquer des déformations osseuses (scoliose, saillie du sternum), une baisse de l’audition, un vieillissement accéléré, une augmentation du volume du foie (hépatomégalie), de la thyroïde (goitre possible), du cœur (cardiomégalie), etc.

 

Le Neandertal semble avoir cumulé des maladies chroniques avant de s’éteindre. Doménech souligne que sa morphologie ne s’adaptait plus à une diversification croissante des activités. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin et pose une question : la régression de cette branche d’hominidés reste-t-elle une exception à la règle ?

 

Sapiens

Du point de vue de la paléoanthropologie, nous sommes des sapiens. Notre spécimen le plus ancien reste l’Homme de Djebel Irhoud (Maroc). Son antériorité remonterait à 300 000 ans.

 

Nous commencerons par citer Darwin : « Natura non facit saltum ». En d’autres termes, la nature ne fait pas de saut et l’on ne passe pas de A à C sans passer par B. Or, entre l’erectus (ergaster ou pas) et nous, les dizaines voire les centaines de génotypes intermédiaires (les fameux « chainons manquants ») manquent toujours à l’appel. Combien en avons-nous retrouvé en un siècle de fouilles ? Zéro. Du coup, on peut se demander si c’est encore la peine de creuser.

 

Nous pourrions considérer le fait que nous descendons d’une longue lignée humaine sans lien avec l’erectus. Cela dit, cette hypothèse se confronte à la même problématique que les chainons manquants. Combien de sapiens « archaïques » âgés entre deux millions d’années et 300 000 ans avons-nous découverts ? Zéro. Quand on sait que la découverte du sapiens de Djebel Irhoud remonte à 1933, ce n’est guère encourageant.

 

De toute évidence, concernant notre évolution, « quelque chose » nous échappe. Par défaut, l’anthropologie pose le principe d’une évolution « linéaire » mais les indices présentés dans les chapitres précédents indiquent que notre évolution nous réserve encore de nombreuses surprises.

 

Amilius